« Ce jeune homme, ému et fort respectueux, s'est présenté devant moi ». Ainsi griffonnait Le Corbusier au coin d'une lettre de motivation envoyée un 16 juin 1931 par un certain Junzô Sakakura, jeune architecte japonais arrivé à Paris en 1929, et qui apprenait les bases du métier à l'école des travaux publics. La bonne tenue des archives de Le Corbusier permet de savoir, outre l'attitude du jeune architecte lors de leur première rencontre, que Sakakura fut engagé et passa huit ans à l'agence, ce qui fait de lui le japonais ayant la plus longue expérience chez Le Corbusier. Et qu'il a travaillé sur des projets aussi importants que celui du Palais des Soviets, ou la villa des Mathes. Le disciple dressait la perspective, le maître rajoutait des "grouillots" semblant sortis d'un dessin de Fernand Léger. Junzô Sakakura gardera toute sa vie le contact avec son maître, ainsi qu'en attestent les éléments de correspondances prêtés par la Fondation Le Corbusier à l'exposition. Avec ses confrères Maekawa et Meda, il réalisera le musée national de l'art occidental dans le parc de Ueno, à Tokyo, pour le compte d'un Corbusier qui ne connaîtra son oeuvre qu'à travers les photos et les magazines, et s'en plaindra par courrier dactylographié, non sans oublier de suggérer en post-scriptum à ce qu'on lui commande un grand mural photographique sur le xixe siècle, «qui devrait être une véritable œuvre de réhabilitation à l'égard de ce siècle étonnant» Corbu Dixit.
展开▼