On se souvient que le lanceur Ariane 5 avait été développé dans l'optique de faire également du vol habité, en emportant à son sommet l'avion spatial européen Hermès. Bient?t trente ans après l'abandon de ce dernier et tandis que de nombreuses voix regrettent que l'Europe reste dépendante d'autres puissances spatiales pour envoyer ses astronautes dans l'espace, l'idée de rendre Ariane 6 ? man-rated ? (taillé pour l'homme) fait son chemin. Ainsi, un article consacré aux ? vols habités depuis le Centre spatial guyanais ? a été présenté l'occasion de Glex 2021, la conférence mondiale sur l'exploration spatiale organisée du 14 au 18 juin à Saint-Pétersbourg, en Russie, par la Fédération internationale d'astronautique (IAF) et l'entreprise d'Etat russe Roscosmos. Il s'agit du bilan d'une étude qui a duré un an, qui a rassemblé dix-neuf experts européens des lanceurs et des vols habités (à la direction des lanceurs du Cnes, au Centre spatial guyanais, à la direction de l'exploration humaine et robotique de l'ESA, au centre technique de l'ESA à Noordwijk, chez ArianeGroup et Airbus Defence and Space), ainsi que l'astronaute fran?ais Jean-Fran?ois Clervoy et Pierre Marx, ancien directeur de la prospective au Cnes. Le groupe de travail, piloté par Christophe Bonnal, a passé en revue tous les aspects d'un système européen de vol spatial habité mis en ?uvre depuis la Guyane, mais aussi le savoir-faire européen, acquis depuis plusieurs décennies à travers de nombreuses études, activités de prédéveloppement et démonstrations, depuis les démonstrateurs suborbitaux de rentrée atmosphérique ARD et IXV au module de service ESM du vaisseau Orion, en passant par le véhicule de sauvetage d'équipage X38-CRV, nombre de modules pressurisés de la Station spatiale internationale ou le ravitailleur ATV de l'ISS. Les différents types de véhicules potentiels et les techniques de récupération pour les cas nominaux et les lancements avortés ont été prudemment évalués, ainsi que les adaptations nécessaires du Centre spatial guyanais. Le constat s'impose : la quasi-totalité des technologies nécessaires au vol habité sont aujourd'hui disponibles, et ? l'industrie européenne est totalement prête ?.
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