Le XXeme siecle a connu une revolution sans precedent dans l'environnement du chimiste : aux flacons de Woolf, eprouvettes, colonnes de Vigreux, condenseurs de Liebig et autres appareils de Kipp, se sont progressivement ajoutes de multiples instruments de mesure bases sur les progres de la physique et leurs applications aux problemes rencontres par les chimistes dans la separation et l'analyse des produits. L'image classique du chimiste, qui le represente en tablier blanc et lunettes, tenant a la main un ballon ou un erlenmeyer rempli d'un liquide colore qu'il scrute d'un air entendu, demeure toutefois inchangee, releguant cette revolution a l'arriere-plan. Pour un profane, tous ces instruments, pH-metres, conductimetres, spectrometres et chromatographes de tout poil, plus ou moins automatises et standardises dans leur aspect, se confondent en effet. Il en est souvent de meme dans l'histoire de la chimie ou la genese et les metamorphoses successives de ces precieux outils restent mal connues et peu etudiees. C'est que cette histoire se trouve a un carrefour de nombreuses disciplines : elle participe a l'histoire des idees autant qu'a celle des innovations, a l'histoire de la science et des techniques autant qu'a celle de l'economie et de l'entrepreneuriat. Car du principe a la commercialisation, il y a du chemin, ou, plus exactement, de nombreux cheminements faits de succes autant que d'essais infructueux ou de mises sur le marche avortees.
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